Hypothèses sur l’origine de l’univers et son évolution (Jean PARENTEAU Mai 1991)

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CONCLUSION

Les progrès de la science pendant ces dernières décennies ont permis d’affiner les hypothèses émises sur l’origine de l’Univers et son évolution, mais ils ont en même temps fixé les limites des recherches. On ne peut rien savoir sur ce qui s’est passé avant le temps de Plank, c’est-à-dire 10-43 seconde après le Big Bang, en admettant que celui-ci ait eu lieu. La science actuelle ne peut rien dire : tout est possible d’après elle. Certains savants prétendent que « rien » peut donner un « non-être » et celui-ci devenir un « être ». Ce que les calculs indiquent c’est qu’à l’instant lQ-43 l’Univers était extraordinairement petit et chaud (des millions de milliards de degrés). A ce sujet, il est curieux de voir dans la Bible (livre de l’Exode) que la première fois que Moïse reçut de Dieu l’ordre de faire sortir le peuple juif d’Egypte où il était prisonnier, cet ordre émanait d’un buisson ardent qui brûlait sans se consumer.

Ces dernières années, ce qui a été écrit sur l’origine de l’Univers ne constitue en fait qu’une suite d’hypothèses vraisemblables mais non scientifiques car elles ne sont pas vérifiables; elles ont l’avantage d’expliquer comment en l’état actuel des connaissances, l’énergie peut se transformer en matière. Des précisions ont été apportées sur le rôle de la force de gravité dans la formation des galaxies. De même les trois genres de mort des étoiles selon leur dimension sont conformes aux observations.

La matière invisible de l’Univers semble actuellement au coeur des recherches de la science astronomique : en particulier les « trous noirs » avec leur densité extraordinaire sont actuellement l’objet de nombreuses recherches.
Dans le domaine de la vie, il semble que les savants laissent de côté l’origine de la vie pour se consacrer à la recherche d’améliorations (ou au moins de modifications) dans le secteur génétique.

En ce qui concerne la croyance en Dieu, la situation n’a guère changé : il y a ceux qui croient en Dieu, créateur de l’Univers et de ses transformations successives jusqu’à l’homme, et ceux qui croient que tout s’est fait par hasard : à la fois l’origine et les transformations successives. Leurs remarques sont plutôt celles d’agnostiques que d’athées. Leurs attaques sont plutôt dirigées contre l’Eglise que contre Dieu. Je regrette que la séparation de la recherche fondamentale et de la science appliquée que j’ai connue au début de notre siècle ait été abandonnée : la recherche fondamentale et la religion peuvent coexister et ne jamais s’opposer, au contraire la religion a tout à gagner à voir les savants découvrir l’origine et l’évolution de l’Univers : la création de l’Homme en 6 jours vient, à ma connaissance, d’une version de la Bible qui date du 7ème ou 6ème siècle avant J.C. Mais dans les éditions modernes de la Bible il y a, aussitôt la première version de la Bible, une deuxième version qui est paraît-il plus ancienne et qui n’en fait pas mention. Par contre la science appliquée est parfois contraire à la doctrine de l’Eglise : par exemple la bombe atomique, ou certaines destructions.

J’ai eu autrefois un professeur de géologie Pierre Termier, membre de l’Institut, qui a écrit plusieurs livres dont « la joie de connaître » où il défend la science et montre combien ses découvertes contribuent à la gloire de Dieu. C’était un grand croyant et partisan de l’évolution et regrettait l’attitude prise par l’Eglise envers le Père Teilhard de Chardin, autre grand savant de l’époque, et grand défenseur de l’évolution.

Et, pour finir, une simple remarque. Les scientifiques astronomes ou physiciens, croyants en Dieu, sont en général optimistes tandis qu’on ne peut en dire autant des incroyants : Hubert Reeves a écrit « L ‘Heure de s’enivrer » où il dit que plutôt que penser à ces problèmes il est préférable de s’enivrer avec n’importe quoi, et Jacques Monod conclut « Le Hasard et la Nécessité » par cette phrase : L’Homme sait enfin qu’il est seul dans l’immensité de l’Univers d’où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n’est écrit nulle part.


 

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