L’origine de l’Univers (Jean Parenteau 1988)

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CONCLUSION

Dans les pages précédentes, j’ai essayé de présenter les découvertes du siècle qui s’achève, dans l’ordre où elles ont dû apparaître, pour faire une sorte d’histoire de 1’Univers. Celle-ci reste une hypothèse car 1’expérimentation qui seule pourrait lui donner un caractère de certitude sera toujours impossible.

Ayant terminé mes études pendant le premier quart de notre siècle, j’ignore tout de ce qu’il est convenu d’appeler « mathématiques modernes » : la relativité générale, le calcul des probabilités, la relativité restreinte, la mécanique quantique me sont totalement étrangers et je n’ai retenu d’Einstein que sa célèbre formule E=mc2 qui montre une relation entre matière et énergie et permet de croire que matière et énergie peuvent se transformer l’une en l’autre dans certaines conditions de température. J’ai donc accepté comme vrais les événements que la majorité des savants spécialisés a admis même si certains d’entre eux ont soulevé quelques réserves.

Mais, dans cette histoire de l’Univers, certaines situations me paraissent inexpliquées :

En premiere période, l’histoire commence à 1/100 de seconde après l’explosion initiale (le Big Bang). Qu’y avait­ il avant ? Il semble que l’hypothèse des particules sera riche de renseignements, mais la question restera posée. Comment ces particules se trouvent-elles là ? D’autre part, la nucléosynthèse, au cours de laquelle les noyaux d’hydrogène se sont associés pour faire des noyaux d’hélium, n’a duré que quelques minutes, et elle fut suivie d’une longue période de refroidissement qui, elle, a duré près d’un million d’années. Pourquoi, à la fin de cette période, l’expansion qui a suivi cette explosion s’est elle arrêtée ? On dit bien que c’est la force de gravité qui, à ce moment, a supplanté la force électro-magnétique et a permis la formation des galaxies. Je n’ai rien trouvé dans mes lectures qui permette de connaître la densité de l’Univers, ni sa température à ce moment. La formation des galaxies de la première génération d’étoiles me parait être admise un peu par commodité. Elle a toujours le mérite de permettre les événements de la 2ème période car les galaxies ont dû être de plus en plus denses en raison• des apports des générations précédentes.

En deuxième période, deux événements dominent tous les autres :
– l’apparition du carbone et le rôle qu’il a joué ensuite. Alors que, lors de la nucléosynthèse, les noyaux d’hydrogène s’étaient alliés deux par deux pour faire péniblement, par 1’intermédiaire du deutérium, un noyau d’hélium, l’évolution s’était arrêtée car les noyaux d’hélium refusaient de s’associer. Maintenant, la température monte, 3 noyaux d’hélium en feront un de carbone, celui-ci multipliera par catalyse la réaction initiale hydrogène-hélium et fera apparaître l’oxygène et l’azote, puis entraînera par alliance directe avec les noyaux constitués l’apparition de tous les noyaux de plus en plus lourds. Cette arrivée du carbone a été vraiment prodigieuse.
– l’explosion de 1’étoile en supernova quand la température devient voisine de celle de nucléosynthèse. Si cette explosion ne s’était pas produite, 1’Univers serait revenu à son point de départ avant le Big Bang.

Quant à la 3ème période, celle d’ apparition de la vie, deux événements particuliers retiennent l’attention, l’oxygénation de l’atmosphère et la disparition brutale des dinosaures.

– l’oxygénation de 1’atmosphère a été indispensable à la vie sous toutes ses formes. Elle s’est faite grâce à la photo­ synthèse réalisée par une cellule spéciale très complexe. Ce n’est pas la complexité de la cellule qui parait extraordinaire car il y en a de beaucoup plus complexes dans les organismes vivants, mais le moment où cette action est apparue. Ce fut la véritable cellule primitive, celle qui a fait démarrer l’évolution.

– la disparition brutale des dinosaures, il y a 65 millions d’années. Sans elle, la Terre n’aurait pas de mammifères ni, à plus forte raison, d’humains.

Il reste donc encore beaucoup à découvrir pour être à peu près sûr de connaître la naissance et 1’évolution de 1’Univers, mais 1’intelligence humaine est capable d’y parvenir. Alors, que connaîtra-t-on exactement ?

1 °) que 1’évolution s’est faite en allant d’une origine très simple (un noyau d’hydrogène) à une complexité extrême (l’homme).

2 °) que toute cette évolution semble être faite en vue de permettre à 1’homme de gouverner 1’Univers et notamment d’en tirer sa nourriture : animaux et végétaux et les éléments qui lui permettent de travailler : combustibles, matières premières sous forme de produits du sol ou de gisements métallifères ou autres.

Mais, quand l’esprit humain aura tout expliqué, il aura simplement découvert ce qui existait avant lui, mais non pas l’auteur de cette évolution, celui qui l’a mise en route, l’a surveillée et l’a rectifiée quand elle risquait de s’éloigner du but que lui-même avait fixé. La plupart des livres que j’ai lu et essayé de comprendre n’évoquent pas ce problème ils traitent seulement un aspect de 1’évolution, sous un angle purement scientifique, c’est-à-dire avec objectivité. Quand l’auteur émet un jugement de valeur, c’est pour s’extasier sur le génie humain qui a deviné ce qui s’est passé et non pas pour émettre même une simple idée sur l’auteur de l’évolution. Il semble que pour les uns c’est Dieu, être éternel et tout­ puissant qui domine tout, qui a tout créé, et pour les autres c’est le Hasard, ce hasard que le calcul des probabilités a introduit dans l’univers scientifique au cours du 20ème siècle. Et pourtant, sauf erreur de ma part, Einstein qui a introduit ce calcul, a lui-même dit un jour :
 » Dieu ne joue pas aux dés. »

En fait, la science, en découvrant peu à peu la naissance de l’Univers et son évolution jusqu’à l’homme, n’a fait qu’expliquer ce qui s’est passé depuis 15 milliards d’années. Il ne lui appartient pas de dire s’il y a eu ou non un maître d’oeuvre. Dans un livre d’André FROISSARD intitulé « N’ayez pas peur » qui relate ses entretiens avec le pape Jean-Paul II, ce dernier donne la définition suivante de la Foi :
 » La Foi est une réponse intérieure à la parole de Dieu dans la sphère de la pensée et de la volonté de l’être humain. »

Il me semble que cette définition est parfaitement compatible avec la science. Dans le domaine de l’évolution de l’Univers la science peut encore découvrir beaucoup de choses, mais elle ne pourra jamais dire s’il ou si le hasard en a tenu lieu. volonté. Quant à l’appel de Dieu, il y a eu un maître d’oeuvre Chacun choisit selon sa se manifeste généralement sous l’aspect de hasards heureux : c’est ce que 1’on appelle couramment la « chance ». Je crois, pour ma part, que la cause de l’incroyance en Dieu de nombreux savants est la confusion qu’il font entre Dieu et son Eglise.

Dieu a créé l’homme libre de choisir entre le bien et le mal. L’Eglise est l’intermédiaire entre Dieu et l’homme. C’est
une institution qui a été créée par des hommes, elle est universelle et elle doit tenir compte du degré de civilisation de ses fidèles. Elle a près de 2000 ans d’âge et elle est toujours très écoutée. Qu’elle ait eu à certaines périodes des défaillances provisoires, c’est possible et la condamnation de Galilée que les savants incroyants mettent toujours en avant en est une qui n’a pas duré. Elle en a eu d’autres, mais elle a eu aussi des initiatives très importantes. C’est grâce à elle que la science a progressé car c’est elle qui est à 1’origine des Universités et de l’enseignement. Même Jacques Monod dans son Essai sur la philosophie naturelle de la biologie reconnait que c’est dans l’occident chrétien qu’est apparue la distinction entre le domaine du sacré et celui du profane. Il y a d’ailleurs de nombreux savants et non des moindres qui croient en Dieu.


 

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