CHAPITRE II : LE RECOURS AUX TEMOINS DE LA PERIODE ETUDIEE
J’ai essayé de privilégier les témoignages oraux de personnes ayant participé aux travaux de normalisation en 1947. La tâche s’avérait difficile dans la mesure où, s’agissant d’événements qui remontent à plus de quarante-cinq ans, la plupart des personnes concernées sont malheureusement décédées; elle s’avérait d’autant plus difficile qu’il fallait trouver des participants effectifs à l’oeuvre de normalisation et non une personne inscrite pour des raisons purement honorifiques dans les commissions concernées.
Mais j’ai eu la chance de retrouver un témoin majeur de l’époque en la personne de Jean Parenteau. Jean Parenteau, spécialiste bien connu de la comptabilité analytique et ancien Directeur Comptable et Financier d’une grande entreprise, est la seule personne vivante qui ait participé concrètement, non seulement à la mise au point du Plan Comptable de 1947, mais aussi à celle de celui de 1942. Dans l’entrevue qu’il a bien voulu m’accorder[^16] il m’a donné cinq informations précieuses pour mon sujet[^17] :
- Premièrement, c’est, semble-t-il, la CEGOS qui est à l’origine de la première traduction en 1937 du Plan Comptable du Reich allemand.[^18]
- Deuxièmement, auparavant, il ne semble pas qu’il y ait eu en France un intérêt marqué pour la normalisation de la comptabilité par un plan comptable et a fortiori de recherche concrète sur ce point.
- Troisièmement, seules, semble-t-il, trois personnes auraient effectivement participé aux travaux d’élaboration des deux plans comptables de 1942 et de 1947: il s’agit d’une part de POUJOL et A.-J. MARTIN, fonctionnaires du Ministère des Finances et d’autre part de Jean PARENTEAU lui-même.
- Quatrièmement, c’est G. Poujol et A.J. Martin qui ont joué le principal rôle dans la rédaction du Plan Comptable de 1942. J. Chezleprêtre, qui dirigeait la Commission de Normalisation des Comptabilités, n’était pas un spécialiste de la comptabilité. Il n’intervint pas dans le travail concret. Il en va de même pour A. Detoeuf qui jouait plutôt un rôle important de relations publiques (voir infra).
- Cinquièmement, plus important encore, ce serait G. Poujol qui aurait en fait, principalement, assuré la mise au point du Plan Comptable de 1947. On aurait fait appel à nouveau à un spécialiste chevronné qui, quatre à cinq ans plus tôt, avait « rodé » la technique avec le Plan Comptable de 1942.[^19]
A ce stade de notre étude nous savons qu’en 1942 et 1947, une même personne a, semble-t-il, joué un rôle spécial dans l’élaboration des deux plans comptables français. N’est-il pas tentant d’émettre l’hypothèse selon laquelle G. Poujol se serait inspiré, non seulement en 1942, mais aussi en 1947, de la théorie et de la pratique allemandes ? Il reste à vérifier cette hypothèse par l’étude des sources écrites de l’époque et par la comparaison des plans comptables concernés.