CHAPITRE V : CONCLUSION SUR LES LIENS ENTRE LES PLANS COMPTABLES ÉTUDIÉS
Les éléments précédents permettent d’émettre les hypothèses suivantes sur la génèse des Plans Comptables de 1942 et 1947.
En 1940, A.J. Martin et G. Poujol reçoivent de J. Chezleprêtre, haut responsable de Vichy, une commande, vraisemblablement inspirée par les autorités allemandes, d’introduction d’un plan comptable en France;[^40] ils découvrent alors la littérature allemande consacrée à la normalisation de la comptabilité à l’aide de plans comptables. Ils ont à leur disposition une traduction du Plan Comptable du Reich dans sa version moniste « pure » à l’usage des (grandes) entreprises industrielles; mais ils disposent également de variantes simplifiées à l’intention, notamment des entreprises du secteur de l’artisanat.
En 1942, A.J. Martin et G. Poujol aidés des autres membres de la Commission de Normalisation n’apportent que des rectifications secondaires au Plan Comptable du Reich. Pour l’essentiel, celui-ci est repris dans ses deux variantes intégrale et simplifiée en donnant toutefois la priorité à la variante moniste pure.[^41]
En 1946-1947, G. Poujol, responsable de fait de plusieurs sous-commissions, prend pour base des travaux le Plan Comptable de 1942 dans sa version simplifiée (Plan Comptable destiné aux PME sans inventaire permanent). Il va jusqu’au bout de la logique dualiste de ce plan en séparant nettement la comptabilité générale et accentue le travail de reclassement amorcé en 1942. Il s’inspire à cet effet du Plan Comptable rationnel du CNOF sans en faire une référence principale.
On peut dans ces conditions tirer trois conclusions provisoires essentielles :
- premièrement, le Plan Comptable de 1942 est, malgré certaines différences de portée secondaire, largement influencé par le Plan Comptable allemand de 1937;
- deuxièmement, une des bases des travaux de la Commission de Normalisation en 1946 reste le Plan Comptable de 1942 (dans sa version simplifiée): c’est donc indirectement un modèle de type allemand qui a servi pour la construction du modèle français;
- troisièmement, ce Plan Comptable de 1942 (dans sa version simplifiée) est modifié, en tenant compte de l’expérience du CNOF, pour permettre une distinction nette des comptabilités analytique et générale.
En somme, le Plan Comptable de 1947 apparaît comme la rationalisation, dans la perspective du dualisme, d’un modèle de plan comptable allemand destiné aux entreprises qui ne tiennent pas de comptabilité analytique.